Lighting
pour 9 musiciens
durée ~12'
crée le 18 déc. 2016
Église Saint Joseph des Nations
Paris XI (FR)
par
Edouard Bozet chef
Enguerrand Moutonnier orgue
Alexandrine Monnot voix 1
Raphaële Soumagnas voix 2
Samuel Bricault flûte 1
Amélie Fleith flûte 2
Paul Dujoncquoy clarinette
Emma Jane Lloyd violon
Ieva Sruogytė violon alto
Lucien Debon violoncelle
LIGHTING
wish we find light
which will mind light
when night will stay
darken out way
might we light find
might it light mind
might night not stay
delight this day
Samir Amarouch
« Pour comprendre ce qu’implique l’écriture de Lighting, il faut tout d’abord noter que l’orgue n’est a priori pas un instrument privilégié dans le paysage de la musique contemporaine, et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, le son qu’il produit suit une logique « binaire » c’est-à-dire qu’il existe ou n’existe pas. Les infinies possibilités d’attaque, de tenue, de glissement et d’extinction du son des instruments à vent ou à cordes sont impossibles à transposer à l’orgue. Ensuite, son incapacité intrinsèque à faire entendre autre chose qu’un son harmonique – c’est-à-dire avec une hauteur fixée – éloigne irrémédiablement l’instrument de la création contemporaine, dont le langage assimile largement l’inharmonique et le bruiteux depuis les années 1970.
En pratique, Lighting s’empare de l’orgue comme d’un réservoir de timbres, que l’écriture s’empresse de faire fusionner avec les timbres des instruments sur scène. Si cette fusion est possible, c’est avant tout parce que l’idée originelle de l’œuvre est mélodique : les voix chantent un texte mono-syllabique – écrit par le compositeur –, que les instruments traitent en résonance, à la manière d’un vocodeur synthé-tique. L’oreille entend cette mélodie, mais en filigrane, parce que la temporalité qui lui est associée est dilatée. Cette mélodie ralentie laisse donc parfois la place à des éléments « de surface », dont la perception est plus immédiate : ce sont des ornements rapides, idiomatiques du jeu du piccolo ou de la flûte, évoquant parfois certains Oiseaux de Messiaen, et repris par tous les instruments. Mélodie vocale ralentie et ornements alternent donc, formant ainsi une structure héritée de l’esthétique spectrale. L’orgue, de manière inattendue, se prête également à ce jeu sur la temporalité : vers la fin de la pièce, un phénomène acoustique d’extinction spatialise toute l’église et se transmet aux autres instruments, avant d’amener une ultime cadence d’orgue, reprenant et glorifiant tous les ornements précédents. »
Edouard Bozet